Réhabilitation Améliorée après Chirurgie : RAC
Une chirurgie est une agression envers l’organisme, une épreuve dont le patient devra se remettre durant la phase dite « de convalescence ». Durant cette période, une fatigue plus ou moins marquée s’installe avec une propension et une vulnérabilité accrues à des évènements comme une infection, la survenue d’une phlébite, un diabète qui se déséquilibre, un épisode dépressif qui survient …
La récupération durant cette phase va dépendre d’une série de facteurs comme l’état général du patient avant l’opération (âge, maladies chroniques, tabac, alcool, …), l’importance de la chirurgie, la technique d’anesthésie, la gestion de la douleur après l’intervention, la rééducation et le retour rapide à une vie « normale », dans son cadre de vie habituel (domicile).
Des protocoles de prise en charge ont été établis pour minimiser un maximum l’impact de la chirurgie sur l’organisme, et permettre ainsi une meilleure récupération du patient. C’est ce qu’on appelle la RAC pour Réhabilitation Améliorée après Chirurgie. De nombreuses études ont été réalisées sur le sujet ces 10 dernières années. Ces protocoles ont permis de diminuer sensiblement la morbidité (taux de complications) et la mortalité (taux de décès) liées à chaque intervention.
Ces protocoles concernent les différentes étapes de la prise en charge (avant, pendant et après l’acte chirurgical) et requièrent une coordination étroite entre tous les acteurs : le chirurgien, l’anesthésiste, le personnel infirmier et le kinésithérapeute, sans oublier le patient lui-même qui devient acteur principal de son parcours de soins. Ces protocoles sont établis selon quelques grands principes :
- L’information du patient : plus le patient est informé de ce qui l’attend et de ce dont on attend de lui, plus il participera dans son parcours de soins, et plus vite il s’en remettra.
- La « démédicalisation » : il faut alléger un maximum l’impact de la chirurgie. On raccourcit le plus possible la période de jeûne avant et après la chirurgie. On évite de mettre en place des drains, des sondes ou des perfusions pour administrer les antidouleurs. On facilite ainsi les mouvements du patient et on le stimule pour ne pas rester au lit.
- Le retour rapide au domicile : un patient qui retrouve rapidement son cadre de vie habituel va bouger beaucoup plus que s’il reste hospitalisé. Sa récupération n’en sera qu’améliorée. Les hospitalisations sont donc de plus en plus raccourcies, ce qui apporte un bénéfice pour le patient et pour la collectivité (moindre coût pour l’assurance maladie et les assurances hospitalisation). Des hospitalisations qui duraient 7 à 10 jours sont raccourcies maintenant à 3 jours et parfois même se limitent à une journée ambulatoire.
Ce concept de réhabilitation ou récupération améliorée après chirurgie (RAC) fut d’abord appliqué à la chirurgie digestive, pour s’étendre petit à petit à tous les domaines chirurgicaux.
En chirurgie orthopédique, ces protocoles ont été établis pour des interventions comme les prothèses de hanche, les prothèses de genou (totales et partielles), les prothèses d’épaule; protocoles qui sont bien entendu transposables à des interventions plus légères comme les ligamentoplasties (LCA) ou les ostéotomies du genou, ou certaines chirurgies d’épaule (réparation de coiffe, chirurgie pour instabilité).
La RAC, pour bien fonctionner, nécessite une organisation pointue avec une implication du patient et de tous les soignants. La Clinique Clémentville remplit ces critères organisationnels et, à ce titre, est reconnue « centre GRACE pour la chirurgie de la hanche et du genou » (GRACE : Groupe francophone de Réhabilitation Améliorée après Chirurgie). Le titre de « Centre Référent en Réhabilitation Améliorée après Chirurgie » lui a par ailleurs été décerné par l’Agence Régionale de Santé d’Occitanie en novembre 2019.
Quelques recommandations appliquées dans la RAC :
Outre les explications données par votre chirurgien, un entretien est organisé avec l’infimière RAC coordinatrice, entretien destiné à vous expliquer les différentes étapes de votre prise en charge, à s’assurer que les prescriptions nécessaires vous ont été remises et à anticiper les soins dès votre retour au domicile (soins infirmiers et rééducation).
Votre taux de globules rouges est optimalisé si nécessaire, avant l’opération, par une prise d’EPO (Erythropoïétine)
Si l’ingestion d’aliments solides reste interdite les 6 heures qui précèdent la chirurgie, on vous invite à boire une boisson sucrée 2 heures avant.
Un médicament anxiolytique n’est plus donné de façon systématique avant l’intervention, car il peut altérer vos capacités de perception, de raisonnement et de coordination.
Vous vous rendez en salle d’opération en marchant si c’est possible.
Pour limiter le saignement, on vous évite tout refroidissement et on vous administre, durant l’intervention, un médicament spécifique (acide tranéxamique).
Le garrot, dans les prothèses de genou, n’est plus utilisé , car il provoque sidération musculaire et favorise la survenue de thrombose veineuse.
Des anesthésiants locaux sont infiltrés dans la zone opérée, par le chirurgien, pour contrôler la douleur.
Des techniques chirurgicales mini-invasives sont préférables.
Les drains (ou redons) sont évités.
Juste après l’intervention une cryothérapie est mise en route (traitement par attelle réfrigérante) pour limiter gonflement et réaction inflammatoire.
Les anti-douleurs doivent être pris à intervalles réguliers, de préférence en comprimés. Les anti-inflammatoires, seront utilisés en l’absence de contre-indication. Les morphiniques (sources de nausées et malaises) ne seront administrés qu’en dernier recours.
Dès votre retour en chambre, une alimentation progressive est autorisée.
Dans la journée, le kinésithérapeute vous mobilise, avec un premier lever.
Vous n’êtes plus relié à un « Baxter » et on vous encourage à vous habiller normalement.
Dès que les indicateurs sont au vert, un retour à domicile est organisé avec un suivi par contact téléphonique ou application numérique.